Origine du nom 

L’occupation humaine du site de Saint-Guilhem-le-Désert est attestée depuis la protohistoire. L’édification du village est due au petit-fils de Charles Martel, Guilhem. Né vers 755,  il est en 790, nommé vice-roi d’Aquitaine par son cousin germain, Charlemagne. Il consacre alors les treize années suivantes de sa vie à conforter les frontières du royaume et s’impose comme l’un des plus valeureux guerriers de son temps. La campagne qu’il conduit contre les sarrasins le conduit aux marches de l’Espagne et jusqu’à Barcelone qu’il prend en 803. Après sa gloire militaire et ses deux veuvages, il décide de se retirer sur la fin de ses jours.  Et c’est en 804 qu’il décide de fonder une abbaye à l’écart de toute présence humaine. Il meurt en 812 et sera béatifié par l’évêque de Lodève au siècle suivant. Il fut popularisé ensuite sous le nom de Guillaume d’Orange ou Guillaume au Court nez dans les chansons de Geste des XIe-XIIIe siècles. C’est donc à ce saint éponyme, le bienheureux Guilhem, que l’abbaye et le village doivent leur nom actuel. Dans un premier temps, le site porte le nom de Gellone. Cette appellation viendrait d’une ancienne villa gallo-romaine préexistante à l’établissement religieux. Cependant, le mot de Gellone pourrait correspondre à un nom d’origine celtique. Ce n’est qu’après la canonisation de Guilhem en 1066 que le monastère  prendra son nom moderne, avec le qualificatif « du Désert » (le Désert aujourd’hui). Le village qui s’était développé autour de lui, prendra cette nouvelle appellation au XIIIe siècle. Ce qualificatif n’est pas une référence à l’aridité de la région.  C’est en fait une référence symbolique aux anachorètes qui, aux premiers temps de la chrétienté, se retiraient loin des turbulences du monde, en des lieux reculés.

Localisation (cliquer pour accéder à Google Maps)

La commune Saint-Guilhem-le-Désert est située au nord du département, à 40 km de Montpellier. Le village et l’abbaye, noyau originel de l’agglomération, se situent dans les gorges de l’Hérault, non loin d’Aniane et de Saint-Jean-de-Fos, à quelques kilomètres en amont de leur débouché dans la plaine alluviale. La bourgade se développe le long d’un petit mais impétueux affluent de la rive droite du fleuve Hérault, nommé le Verdus.

Histoire

Le village médiéval de Saint-Guilhem-le-Désert est bâti aux pieds d’impressionnantes falaises calcaires : le Cirque de l’Infernet. A la base de ces hautes murailles naturelles jaillit le Verdus. Cette rivière, seulement pérenne dans sa partie aval, constituait une véritable oasis au cœur d’un univers particulièrement sec que sont les Monts de Saint-Guilhem. Cet ensemble de hautes montagnes calcaires ou dolomitiques était généralement impropre à toute culture vivrière. Du coup, seuls étaient possibles l’élevage et les coupes de bois qui étaient comprises entre le cours de l’Hérault et le massif de la Séranne.

 

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Village de Saint-Guilhem, Martin Philippe

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Village de Saint-Guilhem, Piquart Benoit_Office de Tourisme Intercommunal Saint-Guilhem-le-Désert/Vallée de l’Hérault

C’est donc tout naturellement que les hommes, dès la préhistoire, s’implantèrent en ces lieux. Le site devint par ailleurs l’une des étapes fondamentales des voies pastorales et muletières qui conduisaient au Larzac et aux Cévennes, depuis le débouché des gorges de l’Hérault. L’histoire du village débute au VIIIe siècle. A l’époque, les quelques habitations qui occupaient le site se regroupaient autour de l’abbaye de Gellone. Son développement s’est fait en étroite concomitance avec l’abbaye, du moins à partir du XIIe siècle. Ainsi, vers 1140, 35 maisons entouraient le monastère, soit environ 150 habitants (selon les premiers recueils connus des redevances féodales). Par la suite, elles furent près de 200, entre 1680 et 1720, pour une population urbaine de l’ordre de 700 à 800 personnes (hors écarts de la montagne). Aussi, dès le XIIe siècle, le village est composé de deux paroisses distinctes : Saint-Barthélemy en amont autour de l’abbaye, et Saint-Laurent en aval. Le tout était clôturé par des fortifications du XIe siècle dont il subsiste encore d’importants vestiges en direction de la Vacquerie, au nord-ouest de la bourgade et en contrebas du château du Géant ainsi qu’une tour et un porche fortifié (la porte de Ganges) dans le quartier bas. L’ancienne église Saint-Laurent, désaffectée à la Révolution, correspond au bâtiment utilisé de nos jours pour des événements culturels. Tandis que l’ancienne église Saint-Barthélemy, située dans l’actuel enclos monastique, fut détruite peu avant la Révolution en raison de son état vétuste. Le siège paroissial fut alors transféré dans l’abbatiale.

Pendant les troubles religieux du XVIe siècle, on sait que le monastère a connu une incursion de troupes protestantes devant laquelle les moines ont été obligés de fuir.

En ce qui concerne son économie, l’aménagement de terrasses de cultures sur les flancs de la montagne a permis de dégager de substantiels revenus oléicoles, voire viticoles, mais le manque d’espace constructible et surtout le manque de terre arable (seulement 171 ha de champs en 1631) limitèrent sévèrement les possibilités d’expansion démographique de la bourgade de Saint-Guilhem. La principale ressource du village se doit notamment au Verdus. Celui-ci alimenta jusqu’au XVIIIe s. plusieurs moulins bladiers ou oléicoles, ainsi que plusieurs martinets à cuivre et de nombreuses tanneries. Ce qui a fait longtemps de Saint-Guilhem une bourgade industrieuse, de près de 900 habitants à l’orée du XIXe siècle. Cependant, le Verdus, malgré la faiblesse habituelle de son débit, est aussi une rivière aux crues particulièrement catastrophiques. Ainsi, elle causa une dévastation générale du village et de l’abbaye à plusieurs reprises.

Malgré les nombreux dommages qu’a subis le village au cours de son histoire, le site de Saint-Guilhem est exceptionnel car il atteint son extension actuelle dès le XIIe siècle. L’empreinte médiévale est omniprésente. Les maisons de la rue principale ont toutes des bases romanes et sont construites souvent sur le même modèle. On constate généralement la présence de deux portes en rez-de-chaussée : une large porte s’ouvre sur une grande pièce voûtée en pierre qui est réservée aux bêtes (chèvres ou brebis) et au travail agricole. Juste à côté, une autre porte, plus étroite, est surélevée de quelques marches par rapport au niveau de la rue. Celle-ci permet de donner accès à l’habitation par un escalier que l’on emprunte pour accéder au premier étage. Au-dessus et sous la toiture, on trouve le pailler. Comme son nom l’indique, c’est un lieu de stockage des fourrages et de la paille pour les bêtes facilitant ainsi l’isolation des combles.

Le site de Saint-Guilhem a donc su garder une bonne partie de sa configuration ancienne. Développé autour de l’Abbaye de Gellone, le village constitue un ensemble d’une rare harmonie en Languedoc. Labellisé Plus Beau Village de France, il attire chaque année des foules sans cesse plus nombreuses.

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Village de Saint-Guilhem, G. Tramblay