Origine du nom

Le toponyme de Lauroux pourrait avoir un lien avec les trois oratoires que le village détient dans la vallée. Ainsi Lauroux viendrait du latin « vallis laurosa » signifiant la vallée des laures. Cependant, son étymologie pourrait également provenir de « lauros » qui signifie en grec « monastères ou reclusages ». Par la suite, celui-ci est devenu en latin « laurus », qui signifie la couronne de laurier et c’est dans le latin médiéval qu’il prit le nom de « laura ». Plus simplement, son origine pourrait également venir  du mot latin « oratorium » qui était le nom donné aux premiers sanctuaires.

Localisation (cliquer pour accéder à Google Maps)

Lauroux se situe à 7km de Lodève, au confluent de deux cours d’eau le Laurounet et le Rauzet dont les eaux, provenant de la limite Escandorgue/Larzac, rejoignent celles de la Lergue. Une des sources de Lauroux alimente d’ailleurs Lodève en eau potable.

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Par Stefi123, via Wikimedia Commons

Histoire

Les vallées de Lauroux sont creusées par ces deux petites rivières qui étaient occupées par l’homme depuis la préhistoire, comme en témoigne la grotte de Labeil, située en amont du Laurounet. Dans cette grotte furent découverts des silex taillés, des ossements et des fragments de poterie, témoignages d’habitats troglodytes. La proximité de la voie romaine encore visible entre le Grézac et le Perthus expliquerait la présence d’un habitat à l’époque gallo-romaine. De nombreux tessons de tuiles et de poteries sigillées de la Graufesenque, trouvés à la Resclause, semblent indiquer la présence d’une villa, domaine où l’on cultivait sans doute déjà la vigne et l’olivier. La première trace écrite du village remonte vers 817, dans le cartulaire de Lodève, où la vallée de Lauroux et sa chapelle dédiée à Saint-Pierre-de-Cros sont mentionnées. Puis, en 1162, le cartulaire fait mention d’une villa de Lauras.

Durant le haut Moyen Âge (VIIe ‑ IXe siècles), on sait que trois oratoires ont été construits, ce qui prouve que la commune jouissait d’une certaine richesse. Un document impérial de Louis le Pieux (814-816) atteste l’église Sainte-Marie comme l’église de Lauroux.
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L’église de Lauroux, par Stefi123, via Wikimedia Commons

Cette église  est un témoin  de l’art roman en lodévois, cependant elle fut fortement remaniée au cours des âges. De nos jours, il ne subsiste aucun vestige de l’église primitive fondée au IXe siècle. La nef a été reconstruite à la fin du XIe siècle ou au début du XIIe siècle. Puis, au XIVe siècle, période de guerres et de grande insécurité dans tout le royaume, l’église fut fortifiée. Le document impérial du IXe siècle citait également l’église de Saint-Martin, aujourd’hui disparue, qui pourrait se situer au lieu-dit de la Resclause[1]. Le troisième oratoire est Saint-Pierre-du-Cros dans la vallée du Rauzet, affluent du Laurounet. Cette chapelle est un des rares exemples locaux d’art paléochrétien. Elle est établie sur l’ancien chemin qui, de Lodève, rejoignait au Perthus la grande voie du

Larzac (ancienne voie romaine). Le nom de Saint-Pierre-du-Cros provient sans doute de la croix dressée au bord du chemin. Comme les  sources nombreuses, on pense que  cette chapelle a été construite sur le lieu d’un culte païen, dédié à une divinité des eaux. Aujourd’hui, il ne reste que le chevet, la nef ayant été emportée par le Rauzet. L’église et le château attenant (actuelle maison Delserieys) formaient autrefois le cœur du village. Le seigneur de la commune était l’évêque de Lodève, tandis que le château de Lauroux a été leur résidence rurale. Le personnage le plus illustre qui l’occupa fut Bernard Gui, évêque de Lodève, qui mourut au château en 1391. Celui-ci arriva à Lodève en 1324, à 63 ans. Inquisiteur très actif contre les Cathares, il reçut du pape Jean XXII l’épiscopat en récompense de ses bons services. Il laissa, semble-t-il, le souvenir d’un évêque très impliqué dans son diocèse et fut également un auteur prolifique d’ouvrages théologiques.][]

C’est du XIVe siècle que date la rue du Four qui était la rue principale où se trouvait le four banal. En ce qui concerne les faits historiques de la commune, deux dates sont remarquées par les historiens. Ainsi, en 1586, une lettre autographe de l’Evêque de Lodève demanda de renforcer la garde autour de Lauroux. Puis, en 1622, par autorité du diocèse de Lodève, en date du 14 novembre, il était interdit aux soldats de Clermont de piller la terre de Lauroux.

Durant l’époque médiévale, on ne connaît pas l’étendue exacte du bâti de la commune. Quelques fragments de murs et une tour conservée du château sont les seuls souvenirs des fortifications. Lauroux étant une commune prospère, elle continua sans encombre sa croissance.  C’est dès la fin du XVIIe siècle, que le village s’étendit. Des maisons datées de cette époque témoignent de cette prospérité. Comme c‘est le cas avec la maison dite du Prieur qui date de 1676. Cependant, le village se développa surtout à la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle.

Pour ce qui est de ses principales richesses, la commune vivait pratiquement en autarcie pour l’élevage, la polyculture, le fourrage et ses ressources naturelles (chasse, pêche, braconnage, cueillette). Le travail à l’extérieur était rare. La situation particulièrement enclavée de Lauroux accentuait son autonomie et engendrait un système d’échanges, d’entraides et de solidarités entre ses habitants et ceux des hameaux (Pradines, les Moulières, les Condamines et Fontreboule). Grâce aux facilités d’irrigation, Lauroux était connu pour la qualité et la production abondante de son fourrage. On cultivait le blé pour sa propre consommation et le « grain » pour les animaux. La laiterie du village fabriquait également le fromage qui était ensuite affiné dans les caves de Roquefort.

Puis, c’est à partir de l’entre-deux-guerres que la culture de la vigne se développa. Tout le monde avait son pressoir et faisait son vin soi-même. C’est surtout après la dernière guerre que la vigne pris son essor. En 1960, il y avait 143 hectares de vignes sur la commune répartis entre 50 producteurs, pour 9000 hectolitres de vin. Ce fut une période d’aisance. Par la suite, la production diminua dès les années 1990, avec 76 hectares répartis entre 35 producteurs dont 5 seulement étaient en activité professionnelle principale, pour 4750 hectolitres de vin. Depuis 2003, il subsiste 45 hectares pour 2350 hectolitres avec 4 exploitants en activité professionnelle principale. Mais de tout temps, ce qui fait la caractéristique du village de Lauroux c’est le jardinage. Comme la commune bénéficie d’une richesse naturelle en eau, cette activité est loin de disparaître. De plus,  beaucoup de personnes entretiennent ce savoir-faire sur de nombreuses parcelles. Au fil des décennies des ouvrages se sont construits et perfectionnés pour améliorer et faciliter les techniques de cultures. Les béals alimentent généreusement les pièces de terre en eau. La façon d’irriguer est dite « à la raie ». À partir du béal, chaque jardinier ouvre et ferme une plaque de fer, nommée « toundouïre ». L’eau se déverse en quantité sur la parcelle, puis elle est dirigée dans les cultures, rangée par rangée, en faisant barrage avec de la terre. Cette méthode demande cependant une certaine discipline et une bonne entente entre les villageois.] À Lauroux, le dernier béal en activité est une petite merveille. Il prend sa source à la chaussée du « Pousadou » et alimente successivement une multitude de potagers.

[1] : Rescluse signifie en occitan recluse ou femme ermite, mais on dit aussi Rasclause qui veut dire terre raclée ou dénudée.