Histoire

Si la première mention littéraire de cette église date de 990, elle est en réalité beaucoup plus ancienne. D’après certaines sources littéraires, un culte de l’époque romaine se pratiquait en ce lieu. En effet, du début du premier siècle au milieu du second siècle de notre ère, le « premier Paulhan » se situait à cet emplacement. Des débris de vases antiques ont d’ailleurs été découverts. Cependant, l’église actuelle ne présente aucun vestige apparent qui date de cette époque. Au IVe siècle, la christianisation des campagnes est totale, ce temple est désaffecté et est alors consacré à la Vierge, qui devient la protectrice de la cité.  Ainsi, le temple se serait situé sur l’emplacement de l’actuelle église. Le nom de Notre-Dame-des-Vertus pourrait venir de la réputation de l’église qu’on disait miraculeuse ou bien du fait qu’un petit ruisseau, nommé le Verdus (dont le toponyme est proche), coulait à côté.

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Façade occidentale de Notre-Dame-des-Vertus, Office de Tourisme du Clermontais

Avant que l’intrusion du castrum ne vienne réorganiser l’habitat du terroir, l’église Sainte-Marie était sans doute le pôle le plus ancien de la localité paulhanaise et le cœur de la ville du Haut Moyen Âge. A l’intérieur des remparts, il y avait donc l’église castrale réservée au seigneur de Paulhan. C’est sans doute la raison qui poussa les villageois à bâtir leur propre église, sur l’emplacement d’une chapelle dédiée à sainte Marie qui fut détruite au cours de la croisade contre les albigeois. L’église se déploya au XIIIe siècle autour de la forteresse seigneuriale et se trouvait donc à l’extérieur des murs du village. L’église faisait l’objet d’un pèlerinage très fréquenté, si bien que le pape avignonnais Clément V lui attribua, en 1604, le nom de Notre-Dame-des-Vertus en raison des miracles qui s’y seraient produits. Ainsi, l’église fut  le premier centre paroissial de Paulhan. Caractéristique du style roman, le gros œuvre de la nef daterait du XIIe siècle, le chœur qui a été remanié, date du XIIIe siècle, tandis que le portail et le clocher sont probablement du XIVe siècle. En 1673, le clocher, surmonté d’une flèche, est rehaussé puis il fut remplacé par un campanile entre la fin du XVIIe et le début du XVIIIe siècle. En 1694, Notre-Dame devient la chapelle des Pénitents blancs. Une tribune, réalisée en pierre volcanique, a d’ailleurs été construite en 1742 afin d’accueillir les membres de cette confrérie. Suite à la Révolution de 1789, l’église sera transformée en atelier de salpêtre, l’autel d’origine disparait et la cloche est fondue. La statue en bois de la Vierge qui datait du XIVe siècle avait été cachée par les Pénitents. Hélas en la ramenant dans l’église, elle fut  à son tour mutilée. C’est grâce à la marquise de Bernis et à son neveu le cardinal de Bernis que l’église est sauvée de la ruine. Au XIXe siècle, le clocher primitif surmonté d’une flèche fut foudroyé en 1856. Ainsi, le dernier étage octogonal fut édifié en 1858. Par la suite, la chapelle Notre-Dame-des-Vertus fit l’objet d’importants travaux de restauration vers 1975. Travaux qui ont permis en 1987 de classer monument historique, le chœur de l’édifice.

Description

L’édifice actuel se trouve dans le cimetière de la ville. Dans l’ensemble, l’église a été construite au cours de la seconde moitié du XIIe siècle. Son enveloppe architecturale est donc représentative du style roman. Ainsi, l’unique nef à deux travées est couverte d’une voûte en berceau brisé. Les arcs doubleaux retombent sur des colonnes engagées dont les chapiteaux sont ornés de trois têtes masculines. Une des originalités de l’édifice réside dans le voûtement d’ogives à huit nervures du chevet où sa clef de voûte présente en son centre une rosette à dix pétales. Puis, ces nervures retombent sur une corniche qui est soutenue par des colonnettes baguées. Réalisé au cours du premier tiers du XIIIe siècle, cet ensemble témoigne d’une influence précoce de la première architecture gothique de L’Ile de France, en bas Languedoc.

En ce qui concerne la façade occidentale, elle est encadrée par deux contreforts et fut mise en place au XIVe siècle. A cette époque, le clocher est également construit. Sa base est gothique tandis que l’édicule octogonal, date de 1858. La porte a été ouverte en 1922 dans un style néo-roman. Ses vantaux sont ornés du monogramme AV (ave maria) et des trois vertus théologales symbolisant la foi avec la croix, l’espérance avec l’ancre et la charité avec le cœur embrasé qui datent du XVIIe.

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Office de Tourisme du Clermontais

On pénètre dans l’édifice par le portail sud. Ce dernier présente deux rouleaux en plein cintre qui permettent de former un porche grâce à sa  profonde voussure. Pour ce qui est de la petite porte côté rue, elle fut ouverte suite aux plaintes de quelques habitants qui n’acceptaient pas de rentrer dans le cimetière pour accéder à l’édifice.

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Office de Tourisme du Clermontais

Le monument possède également un riche patrimoine culturel. A commencer par le chœur des Pénitents blancs qui est doté d’un ensemble de sièges et de boiseries de 1784. On trouve de nombreux accessoires cultuels comme des bâtons, des lanternes et des croix processionnelles qui datent du XIXe siècle. Cependant, les objets d’art les plus fameux demeurent la statue en bois de la Vierge à l’Enfant du XIVe siècle, ainsi qu’un tableau de maître du XVIIIe siècle qui représente la Sainte Famille.

Ainsi, la chapelle Notre-Dame-des-Vertus, pour la qualité de son chevet et de son décor, fait partie des plus intéressants édifices romans du bas Languedoc.