Origine du nom 

Le lac du Salagou tire son nom de la rivière du Salagou, un affluent de la rivière de la Lergue qui se jette, elle-même, dans le fleuve Hérault.

Localisation (cliquer pour accéder à Google Maps)

Le lac du Salagou est situé à 40 km au nord-ouest de Montpellier, à proximité de Clermont l’Hérault, dans le bassin du Lodévois.

Histoire

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Office de Tourisme du Clermontais

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Office de Tourisme du Clermontais

Le lac du Salagou est un lac artificiel. Le projet de barrage fut lancé dans les années 1950, dans le but de créer une réserve d’eau qui favoriserait une diversification des cultures. Comme la viticulture connaissait une crise de surproduction, la création de ce barrage permettait le développement d’une production fruitière. Les pouvoirs publics pensaient que la conversion de nombreux vignobles en vergers était nécessaire. La construction d’un barrage à cet endroit avait également pour but de réguler les crues du Salagou et de l’Hérault plus en aval, notamment dans la vallée de Pézenas qui était régulièrement inondée. Les projets de barrages, dans la vallée du Salagou, sont en réalité plus anciens. On trouve la trace d’un projet en 1860 sur la commune de Celles qui avait déjà l’objectif de réguler les crues de la petite rivière du Salagou. Cette dernière s’écoulait parfois difficilement en été, puis paradoxalement, elle pouvait connaitre des crues spectaculaires. Si les exploitations agricoles y, étaient nombreuses, les intempéries conjuguées à la sécheresse estivale rendaient l’activité difficile. Ainsi, il a fallu attendre les années 1960 pour que ces projets aboutissent, sous l’impulsion du conseil général.

Les travaux débutèrent en 1964 pour se prolonger jusqu’au début de 1969. La construction du barrage fut confiée à la compagnie CNABRL[1] . Cet édifice fut construit en enrochement de basalte avec, en amont, une couche étanche réalisée en béton bitumeux. La mise en eau se fit entre 1969 et 1971. Alors qu’en 1968, on pensait qu’il fallait des années pour que la cuvette se remplisse, un seul très gros orage a suffi pour remplir la moitié, en mars 1969. Ce processus fut si rapide que le lac conserve encore l’intégralité des poteaux téléphoniques, ponts, arbres, vignes et murets engloutis sous les eaux.

En 1971, il atteignit la cote 139 (un point a 139 m d’altitude) qui, après décision du Conseil Général de l’Hérault en 1996, correspondra au niveau maximal de retenue du lac. Cela a d’ailleurs permis de libérer le village de Celles d’une menace de submersion totale. Depuis, le barrage joue son rôle de limiteur de crues. En période de sécheresse, il permet également à la Lergue et à l’Hérault de « gonfler » leurs débits afin de favoriser l’irrigation de la vallée.

Le lac du Salagou en chiffres 

Superficie du bassin versant : 76 km²

Hauteur du barrage : 62,3m

Hauteur maximale d’eau dans la retenue : 54,5 m

Aire de la retenue : 750 hectares

Longueur de la crête du barrage : 357 m

Largeur de la crête : 7,42m

Largeur à sa base : 200m

Volume total des enrochements de basalte : 800 000 m³

Poids total des enrochements basaltiques : 1.650 000 tonnes

Capacité de retenue à la côte 139 : 120 million de m³ remplie en 3 ans

Description

Le lac du Salagou présente de grands intérêts géologiques et géomorphologiques.  Sa vallée offre un paysage tout à fait atypique provenant principalement de la nature du terrain. Le mont Liausson  surplombe de manière impressionnante le lac au sud. Le bassin du Lodévois, autour du lac, présente également un sérieux atout.  Ce dernier fonctionne comme une sorte de piège à sédiments. Ainsi, les « ruffes [2]» qui donnent cette couleur rouge au paysage, sont en fait des dépôts sédimentaires (de la boue composée de sables et d’argiles) qui ont pris leur teinte en raison de l’oxydation des sels de fer. Ces ruffes datent de l’âge Permien (soit : 290 à 250 Ma).  Le paysage de la fin de l’ère Primaire devait être bien différent. Des formations géologiques rappellent par endroit qu’il devait s’agir d’une plaine marécageuse. C’est le cas de la zone des environs de la Lieude, où l’on trouve de nombreuses figures géométriques évoquant les craquelures de la boue desséchée au soleil. A cet endroit une dalle présente un grand nombre d’empreintes de reptiles datant elles aussi du Permien. Le climat à cette époque devait se caractériser par des périodes de longues sécheresses puis des périodes courtes de pluies avec l’apparition de marécages et de points d’eaux. A la fin de ces périodes, la chaleur et l’évaporation des eaux entraînaient la dessiccation des boues. C’est à ce moment-là que de nombreux animaux ont laissé des traces sur leur passage. Ces ruffes se sont ensuite lentement érodées, et ont été redistribuées par les cours d’eau et les alluvions.

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Martin Philippe

L’autre phénomène géomorphologique qui explique la nature du paysage, c’est l’importante activité volcanique concentrée dans la vallée du Salagou. A divers endroits, on observe des basaltes massifs, apparus entre la fin de l’ère Tertiaire et le début de l’ère Quaternaire (soit entre – 1,5 et -2,5 Ma) qui font partie d’une longue trainée volcanique s’étendant jusqu’au cap d’Agde. La mise en place de ces ruffes est donc antérieure de près de 240 millions d’années aux coulées volcaniques. L’érosion des ruffes a formé des vallées dans lesquelles ces coulées sont descendues. Quand  ces volcans  produisaient une lave très fluide. Ces basaltes résistants conforment aujourd’hui les hauteurs de certains plateaux. On peut également apercevoir d’anciennes cheminées volcaniques appelées « necks ». Les roches basaltiques dures maintenant en relief au-dessous des ruffes plus tendres illustrent une typique inversion du relief.

Tous ces éléments géologiques ont donné au lac du Salagou sa singularité. Avec plus de 250 000 visiteurs par an, le site du lac du Salagou et sa vallée ont été classés en 2003 et depuis 2010 est engagée une démarche pour obtenir le label «  Grands Sites de France ».

[1] : CNABRL : Compagnie Nationale d’Aménagement du Bas Rhône et du Languedoc, devenu aujourd’hui la compagnie BRL: Bas-Rhône Languedoc

[2] : Ruffe : roches formée par la combinaison de sédiments argileux et d’oxydes de fer.